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Souffrance et parole, par Alain Gilbert, vol. 3

Citer l’article : Alain Gilbert, « Souffrance et parole », Revue Ouvertures vol 3, p. 87 – 129.

Résumé :

La souffrance. Elle ne connait pas la discrimination. Elle fait fi de la langue, de la culture, religion ou classe sociale. Elle ne tient pas compte de l’âge, du sexe, de la couleur de la peau ou autres classifications qu’on utilise pour parler de l’être humain.

Tous y sont sujets et tous, lorsqu’ils sont aux prises avec leur souffrance, veulent en parler pour arrêter de souffrir. Ils ne peuvent pas ne pas en parler. Plus souvent qu’autrement, ils se perdent dans le labyrinthe de leurs pensées et raisonnements, et finissent par y croire comme étant une vérité absolue… et pourtant, ils continuent à souffrir.

Dans notre société hyper-technologique, la souffrance est de moins en moins un champ de parole, mais plutôt un dysfonctionnement qu’il faut à tout prix éliminer ; ce qui produit des effets pervers sur l’être qui souffre et, dans bien des cas, rend encore plus malade.

Freud a inventé la psychanalyse pour entendre la souffrance de l’être parlant. Et la science a inventé la psychothérapie pour taire la parole du sujet souffrant. Les deux sont radicalement différents, n’ayant aucun rapport entre eux. Encore plus pernicieux, l’homme moderne a inventé la « psychothérapie d’orientation psychanalytique » dans un effort de les unifier, rejetant de la sorte dans l’ombre la subversion de la psychanalyse.

Dans le présent texte, il sera donc question de l’offre qui est faite à la personne qui souffre; l’offre de la psychothérapie et celle de la psychanalyse, ainsi que du malaise actuel de notre civilisation.

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